{Roman} Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee

oiseaumoqueur2« C’est ce que je pensais moi aussi, finit-il par dire, quand j’avais ton âge. S’il y a qu’une seule sorte de gens, pourquoi n’arrivent-ils pas à s’entendre ? S’ils se ressemblent, pourquoi passent-ils leur temps à se mépriser les uns les autres ? Scout, je crois que je commence à comprendre quelque chose ! Je crois que je commence à comprendre pourquoi Boo Radley est resté enfermé tout ce temps ! C’est parce qu’il n’a pas envie de sortir. »

Maycomb, Alabama, début des années 30. Scout a 6 ans. Elle aime jouer avec son grand frère, Jem, et son amoureux (mais pas trop), Dill, se lover dans les bras de son père, se faire peur en passant près de la maison de son invisible voisin Arthur « Boo » Radley, lire, inventer des histoires, se servir de ses poings… mais s’il y a une chose que Scout n’aime pas, c’est l’injustice. Ah ! et que Jem la traite de « fille »…

Scout et Jem vivent seuls avec leur père avocat, Atticus, depuis la mort de la mère, et Calpurnia, la cuisinière noire, qui veille sur les enfants comme si c’était les siens.

Droit, honnête, respectueux de tous, amis ou ennemis, blancs ou noirs, Atticus élève ses enfants selon ses principes, bien loin de faire l’unanimité dans ce Sud profond où les Noirs sont toujours coupables et où fréquenter des personnes d’un niveau social inférieur est une absurdité.

Alors quand un Noir est accusé du viol d’une jeune fille blanche, et qu’Atticus est commis d’office pour le défendre, il fera comme toujours fi des « règles » imposées par la société, tout en essayant de protéger ses enfants de la rancœur et de la haine que son comportement attise…

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Ce roman écrit par Harper Lee, publié en 1960, est un véritable best-seller et classique de la littérature américaine, qui a d’ailleurs remporté le prix Pulitzer l’année suivante. Je l’ai découvert (ou plutôt « redécouvert », car le titre ne m’était pas inconnu…) grâce au film de Stephen Chbosky « Le monde de Charlie », dans lequel un prof de littérature prête un exemplaire de ce roman au héros éponyme. Une histoire de hasard et de curiosité, donc… Mais il faut être curieux pour lire, et lire pour être curieux 🙂

S’il m’a fallu un peu de temps pour entrer dans l’histoire narrée par Scout avec beaucoup de candeur, de fraicheur et cette pointe d’impertinence qui la caractérise, je me suis ensuite laissée emporter au cœur de la famille Finch, où le seul regard qui compte n’est pas celui de l’autre, du voisin, mais celui que nous renvoie le miroir. « Avant de vivre en paix avec les autres, je dois vivre en paix avec moi-même. La seule chose qui ne doive pas céder à la loi de la majorité est la conscience de l’individu. », dit Atticus.

Pour la petite histoire, « Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » a été le seul roman publié par Harper Lee jusqu’à… il y a quelques jours ! Elle a en effet publié en juillet 2015 un second roman, suite du premier dans lequel on retrouve une Scout adulte, qui – de New York – retourne en Alabama voir son père : « Go set a watchman ». Traduit en français, « Va et poste une sentinelle » devrait être publié chez Grasset en octobre 2015.

Toujours pour la petite histoire, Harper Lee a eu pour ami d’enfance Truman Capote – Dill, c’est (un peu) lui. Quelques années plus tard, c’est avec elle que Capote s’est rendu à Holcomb, Kansas, en 1959, afin d’enquêter sur le meurtre de quatre membre d’une même famille, ce qui deviendra « De sang froid ». Idée de lecture que j’ai rangée dans un coin de ma tête depuis que j’ai vu le film « Truman Capote »… Une histoire de hasard et de curiosité, je vous dis 🙂

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Allez, je vous laisse en compagnie de Scout, Jem & de l’absurdité des adultes…

« – Miss Gates, c’est une gentille dame, non ? demandai-je.
– Tout à fait. Moi je l’aimais bien quand j’étais dans sa classe.
– Elle déteste Hitler…
– Qu’est ce qu’il y a de mal à ça ?
– Aujourd’hui elle nous a expliqué comme il était méchant avec les Juifs. C’est pas bien de persécuter les gens, hein, Jem ? Je veux dire même en pensée ?
– Evidemment que non, Scout ! Qu’est ce qui te prend ?
– Eh bien, l’autre soir en sortant du tribunal, Miss Gates… […] je l’ai entendue dire qu’il serait bon que quelqu’un leur donne une bonne leçon, qu’ils se sentaient plus et qu’un de ces jours ils finiraient par penser qu’ils pouvaient nous épouser. Jem, comment peut-on tellement détester Hitler si c’est pour se montrer odieux avec les gens de son pays ? ».

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4 réponses à “{Roman} Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur – Harper Lee”

  1. Mélanie dit :

    J’ai lu The Help, de Kathryn Stockett il y a deux mois, et le livre de Harper Lee ne cesse d’y revenir, et déjà j’avais noté dans un coin de cahier que je devais absolument me le procurer.
    Quel surprenant hasard de voir l’œuvre présentée sur ce nouveau blog aujourd’hui 🙂
    Un signe sans doute que je dois vraiment en acheter un exemplaire et le lire .

    Bonne soirée 🙂

  2. nneon dit :

    Alors « ne tirez pas sur l’oiseau moqueur » est le seul livre que je relis. C’est mon livre de chevet, magistral et profondément humaniste.

    « Got and set a watchman » par contre ressemble furieusement à un coup éditorial, pas un roman proprement dit mais des chutes, des pages qu’Harper Lee a refusé jusqu’ici de publier, il s’agissait de son premier jet avant même « ne tirez pas sur l’oiseau moqueur »

    Enfin tout ça est un peu nébuleux et demande à être jugé sur pièce. A vrai dire je la crains un peu cette sentinelle :

    http://www.lemonde.fr/livres/article/2015/07/15/harper-lee-et-sa-sentinelle_4683451_3260.html

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