{Roman Jeunesse} La Passe- Miroir : Les fiancés de l’hiver – Christelle Dabos

fiances_de_l-hiver« Ophélie était une excellente liseuse, l’une des meilleures de sa génération. Elle pouvait déchiffrer le vécu des machines, strate après strate, siècle après siècle, au fil des mains qui les avait tâtées, utilisées, affectionnées, endommagées, rafistolées. Cette aptitude lui avait permis d’enrichir le descriptif de chaque pièce de la collection avec un sens du détail jusqu’alors inégalé. Là où ses prédécesseurs se cantonnaient à décortiquer le passé d’un ancien propriétaire, de deux à la rigueur, Ophélie remontait à la naissance de l’objet entre les doigts de son fabricant. »

Ophélie, jeune fille maladroite et réservée, vit sur l’arche d’Anima. Là, son talent de liseuse a fait d’elle une conservatrice hors-pair du musée de l’arche. En touchant les objets, Ophélie est en effet capable de lire leur histoire, et celle de ceux à qui ils ont appartenu… La seule chose que la jeune fille est incapable de lire, c’est le livre d’Artémis, l’esprit de familles d’Anima, pièce majeure, emplie de secrets, de ce musée qui est devenu tant sa maison que sa cachette. Ici, elle peut être elle-même.

Ophélie a un autre pouvoir, plus rare. Plus intime. C’est une Passe-Miroir. En acceptant de se faire face dans un miroir, de se voir telle qu’elle est, elle peut le traverser et pénétrer dans un ailleurs, par le biais d’un autre miroir.

Un mari, Ophélie n’en veut pas. Elle a son musée, ses objets, tout un tas de frères, de sœurs, de neveux, de nièces… Tout un monde qui lui suffit. Mais les Doyennes d’Anima en ont décidé autrement… La décision a été prise, et Ophélie ne peut rien faire sinon obéir : elle devra épouser Thorn, dont elle ne sait rien, sinon qu’il vient d’une autre arche, le Pôle… Elle devra quitter tous ce(ux) à qui elle tient.

La voilà donc partie pour une arche glaciale à l’autre bout des mondes, en compagnie d’un fiancé froid et austère qui ne lui adresse jamais la parole et la considère avec mépris, et de sa tante Rosaline, tout à son rôle de chaperon pour cette année de fiançailles réglementaire.

Ophélie est bien décidée à ne faire aucun effort pour plaire à ce fiancé qui lui a été imposé. Et comme lui-même ne semble pas disposé à en faire, Ophélie garde l’espoir se voir ce mariage se briser avant même d’avoir eu lieu…

Pourtant, très rapidement, ce mariage arrangé semble être bien plus qu’une convenance politique, comme on a pu le lui faire croire… Au Pôle, on impose à Ophélie un anonymat total : personne ne doit savoir qu’elle est là, personne ne doit soupçonner la présence d’une Animiste, l’arrivée de la fiancée de Thorn, surintendant du Pôle haï par tous ses habitants. Alors on la cache dans la demeure de Bérénilde, la tante de Thorn, qui – sous ses sourires charmeurs – prend un malin plaisir à user de ses pouvoirs – la capacité de blesser physiquement par simple volonté mentale – pour contraindre Ophélie, plus que jamais maladroite, plus que jamais effacée, à devenir ce qu’elle n’est pas et se refuse d’être : une femme de cour.

C’est – pour Ophélie – le début d’un périple qui la mènera à l’extraordinaire Citacielle, dominée par la tour de l’esprit de famille du Pôle, le terrible Farouk, à la rencontre des clans qui peuplent l’arche : les Dragons – auxquels appartiennent son fiancé et sa tante, favorite de Farouk – reconnaissables par leurs tatouages ; les Mirages, et leur incroyable capacité à concevoir des illusions ; le Lien, dont tous les membres sont mentalement unis ; ou encore les Nihilistes, qui parviennent à voir sous les illusions… Des clans qui se haïssent – parfois même de manière intestine – et qui se déchirent avec un ressentiment qu’Ophélie peine à comprendre, elle qui vient d’une arche dont tous les membres sont une seule et même famille.

Le danger guette. Ophélie ne le comprend pas, ne sait pas en qui avoir confiance, en qui croire, vers qui se tourner. Mais elle a décidé de rester en vie, coûte que coûte et – peut-être plus important encore, à ses yeux – elle a choisi de rester fidèle à ce qu’elle est. Mais tout a un prix…

3etoiles

J’ai découvert ce roman grâce à une amie libraire, très excitée à l’idée de pouvoir ENFIN (!! – très excitée, j’vous dis 🙂 ) lire en avant-première la suite de « La Passe-Miroir » ! Car, oui, « Les Fiancés de l’hiver » est le 1er tome d’une série, dont le 2ème tome – « Les Disparus du Clairdelune » – vient de sortir il y a quelques jours à peine. L’auteur envisage d’ailleurs de publier en tout 4 tomes, le 3ème et le 4ème se déroulant ailleurs qu’au Pôle…

C’est un roman dans lequel on entre – je trouve – très facilement, accompagnant tout d’abord Ophélie sur Anima, dans son cher musée, au sein de sa (très !) nombreuse famille ; puis au Pôle, chez Bérénilde, à la découverte de la Citacielle ; et, enfin, dans le domaine du Clairdelune, où elle se voit contrainte de se grimer en valet, obligée de devenir autre tout en restant fidèle à elle-même. Car si Ophélie n’a rien d’une héroïne telle qu’on aime à se les imaginer, elle est vraiment le cœur du roman, autour duquel gravite un univers riche de détails et d’originalité.

Dans une interview de l’auteur, Christelle Dabos – que vous pouvez lire ici – celle-ci explique à propos de son personnage : « Ophélie est petite, myope, quelconque et maladroite, mais elle compose avec ça sans se noyer dans des complexes. Je reçois parfois des messages de lecteurs que ça perturbe un peu et qui aimeraient la voir se métamorphoser en princesse de contes de fée. Je voudrais leur faire comprendre qu’il existe des métamorphoses beaucoup plus intéressantes. » Je ne peux qu’approuver ces paroles… 🙂

Comme beaucoup de lecteurs avant moi, je pense, je suis tombée sous le charme de la Citacielle, et de toutes les trouvailles qui l’accompagnent. Un exemple parmi tant d’autres : les sabliers magiques -verts, rouges, bleus et jaunes – avec lesquels sont « payés » les valets et les femmes de chambre, sortes de billets magiques de différentes valeurs vers des ailleurs surprises…

« Essaie de te représenter les couleurs les plus vives, les parfums les plus enivrants, les caresses les plus affolantes, lui murmura-t-il. Tu seras de toute façon en deçà de ce que peut te procurer cette illusion. Un plaisir souverain, si intense qu’il est à peine supportable et qui, une fois dissipé, te laisse endeuillé. […] Ils s’arrangent toujours pour t’y faire goûter une fois. Après, tu es à leur botte et t’en redemandes, dans l’espoir complètement fou de décrocher la récompense suprême, un aller-retour au paradis : le sablier jaune. »

Mais ce sont aussi les lunettes d’Ophélie, qui changent de couleur en fonction de son humeur ; son « écharpe de compagnie », Golem apprivoisé comme un chaton ; les pièces magiques de la Citacielle, qui se déplacent dans l’espace une fois fermées à clé ; les pouvoirs – et fonctionnements – de chaque clan, dévoilés au fur et à mesure de l’intrigue,… Bref, un univers foisonnant et jamais lassant, que je ne vous dévoilerai pas plus parce que sinon, ce n’est pas drôle 🙂 Moi, j’ai commencé ce roman sans avoir rien lu d’autre que la 4ème de couverture… Je vous en ai d’ailleurs déjà probablement trop dit !

Alors je rajouterai simplement que le style est fluide et simple – il s’agit d’un roman jeunesse, recommandé à partir de 12 ans – mais sans être simpliste. Ce qui n’est pas toujours le cas dans la fantasy jeunesse, il faut bien le dire… La seule chose que je lui reprocherai peut-être, c’est une certaine répétition des « attributs » de chacun : la maladresse d’Ophélie, l’extrême froideur et la haute taille de Thorn, la malice et les boucles blondes de Bérénilde… Mais rien qui ne gâche le plaisir de la lecture. Lecture que je recommande chaudement, donc, à tous les amateurs d’ailleurs magiques 🙂

3etoiles

« Tu ne payes pas de mine comme ça, fille. Tu te caches derrière tes cheveux, derrière tes lunettes, derrière tes murmures. De toute la portée de ta mère, tu es celle qui n’a jamais versé une larme, jamais braillé, et pourtant je peux te jurer que tu es bien celle qui a collectionné le plus de bêtises. […] Depuis ta naissance, tu n’as jamais cessé de te faire mal, de te tromper, de te casser la figure, de te coincer les doigts, de te perdre… […] Écoute-moi bien, fille. Tu es la personnalité la plus forte de la famille, ma petite. Oublie ce que je t’ai dit la dernière fois. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne. »

signature_rose

 

 

6 réponses à “{Roman Jeunesse} La Passe- Miroir : Les fiancés de l’hiver – Christelle Dabos”

  1. Lili dit :

    Je suis contente de trouver chez toi ce livre que je vois partout ! Je suis d’humeur lecture ado en ce moment et ce que tu en dis me séduis indéniablement. Hop, je note tout de suite !

  2. J’ai hâte de le lire, je l’ai dans ma PAL depuis un moment, mais quand je vois l’engouement qu’il suscite, il faut que je lise très vite^^

  3. micmac dit :

    Ok je viens de l’acheter…

    Salutations Lili

    • Ah ! 🙂 Tu me diras ce que tu en as pensé…
      De mon côté, je suis en pleine fin de semestre 2 jusqu’à lundi et ensuite, je serai libre, LIBRE !!! Et je pourrai lire et regarder plein de séries et ce sera bien !! Bon, en même temps, j’avais un cours sur les séries de dark fantasy ce semestre alors j’ai refait un tour dans mes classiques, « pour le science »…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *