{Homme-mage} Journal d’un vampire en pyjama – Mathias Malzieu

Journal-dun-vampire-en-pyjama« J’ai toujours rêvé d’être un superhéros. Avant tout pour me sauver moi-même. Mais anéantir mes démons serait trop facile, car en réalité j’ai besoin d’eux. Si je les tue, je me tue. J’ai beau vouloir être inventeur, crooner, semi-poète, illusionniste, skateur en plastique, mangeur de femme en peau de crêpe et imitateur d’animaux sauvages, je suis insomniaque, angoissé et épuisé d’avoir trop cru. Comme si je m’étais foutu de ma propre gueule. »

Peut-on parler de coup de cœur lorsqu’un homme raconte comment Dame Oclès a été à une poignée de globules blancs de le briser de son épée ? Peut-on parler de poésie en chambre stérile ? Peut-on trouver de la magie dans une aventure humaine à la lisière de la mort ?

Il n’y a pas si longtemps, je crois que je vous aurais dit « non ».
Et puis j’ai lu « Journal du vampire en pyjama »

« Je tiens ce journal comme le gouvernail d’un chalutier éventré. Une lampe à pétrole vacille entre mes genoux. Les déferlantes fracassent le corps des sirènes endormies contre la coque de mon esquif. Un orage gronde en silence à ma fenêtre. Les étoiles se décrochent du placenta céleste pour se planter une à une dans mon lit. « Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! », disait Whitman. J’aurais bien besoin de me fabriquer de nouvelles armes hémato-poétiques. Un bouclier mental si puissant qu’il modifierait ma biologie. Le cœur et son armada de désirs à la rescousse du corps. The poetry of war. »

En chapitres courts à dévorer du bout des yeux comme autant de surprises, parfois délicieuses, parfois tragiques, Mathias Malzieu – chanteur du groupe Dionysos, et créateur multiple d’imaginaires foisonnants – fait le récit de cette maladie qui a bien failli l’empêcher définitivement de « faire le con poétiquement »…

« Arriver enfin jusqu’à l’appartelier, soigné par Rosy pour aimanter mon retour. Là, c’est le royaume de la Reine blanche. J’ai l’impression d’être invité chez moi. Il y a un vélo monté pour continuer de me dégourdir les jambes, des gourmandises partout comme si c’était Noël et Pâques en même temps. Ma guitare et mon ukulélé prêts à l’emploi, et des sièges tout neufs. Ma sœur se met à faire des crêpes. Joyeux non-anniversaire à moi ! Je suis le chapelier fou de joie. Je goûte à tous les desserts en entrée. Meringues au chocolat, thé à la menthe et White Stripes. J’en ai oublié de regarder la Ligue des champions tellement j’étais content de passer la soirée avec les deux femmes de ma vie, à faire le vampire des spaghettis. »

Hommage aux nymphirmières et aux médecins, à son amoureuse Rosy et à ses bisous magiques, à son père, sa sœur et sa mère sur laquelle il fait toujours nuit, hymne à la poésie, au skate-board, à Walt Whitman, au pouvoir de la créativité, au panache roux… A la vie. Celle, toute simple, de la normalité qu’on est trop souvent occupés à traverser pour la vivre véritablement.

« Mon amoureuse, c’est un peu une pin-up de coffre à gants. Sauf que je n’ai pas de voiture. Dans le livre des records, elle pourrait être championne du monde de chignon. Elle remet son titre en jeu tous les jours en changeant ses coiffures, même pour venir me voir à l’hôpital. Sa bouche est maquillée juste pour les quelques secondes où je vais la voir toute rayée à travers le store. C’est la Fashion Week avec une mini-mannequin paumée dans les couloirs d’une centrale nucléaire. Mais chaque soir, lorsqu’elle disparait, le poids du vide s’alourdit. »

Je pourrais vous parler de Mathias Malzieu, de sa poésie qui me touche au cœur, de ses mots-valises qui donnent envie de voyages imaginaires, de « La mécanique du cœur », Jack et son horloge, de sa force de Jedi, de son ukulélé et de son siège œuf, mini-espace pour immenses créations…

Mais je ne vous parlerais bien évidemment pas aussi bien de lui qu’il le fait lui-même, alors je me contente de vous citer quelques extraits, que j’ai presque – finalement – laissé le hasard choisir, tellement tout, tout procure une véritable émotion…

« Etre entouré de livres me réconforte, cet endroit est une caverne d’Ali Baba pour qui aime lire. On se croirait dans un grenier magique, à l’intérieur d’un arbre dont les feuilles seraient des livres. J’ai trouvé mon église, j’y dissous une partie de mes angoisses. Ici, je peux vénérer peinard les dieux que j’ai choisis : Jack Kerouac, Roald Dahl, Richard Brautigan ou Walt Whitman. Je ressens un plaisir religieux et ludique à essayer de lire les originaux de ces auteurs. Les livres ne me donnent pas l’impression que je suis malade et les gens de la librairie ne semblent pas effrayés par les vampires qui restent assis des plombes dans une poetry room. »

Et puis je vais vous inviter à lire Mathias Malzieu…
Très très fort.

Et puis à l’écouter, aussi.

4 réponses à “{Homme-mage} Journal d’un vampire en pyjama – Mathias Malzieu”

  1. J’adore Mathias Malzieu, je le trouve parfait sur tous les points! Il me faut celui-là absolument, je n’ai lu que de supers chroniques dessus!

  2. Il a l’air génial, j’adore Mathias Malzieu mais je ne l’ai pas encore lu celui la ! Il attends chaudement dans ma PAL 🙂 mais je ne tarderais pas à l’en sortir !

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