Quand je serai petite…

« Quant aux histoires qui traitaient de sa vie dans l’orphelinat du pays de Galles, elles étaient encore plus fantastiques ! C’était une maison magique, où les enfants vivaient à l’abri des monstres, sur une île où il faisait toujours beau. Personne n’y tombait jamais malade et, bien sûr, personne ne mourait. ‘’Ils habitaient tous ensemble dans une immense bâtisse, sur laquelle veillait un vieil oiseau très sage’’, disait Grandpa. Mais en grandissant j’ai commencé à avoir des doutes. »

A 6 ans, Jacob veut devenir un explorateur. Les yeux emplis d’étoiles, il passe des après-midis penché sur des cartes et de vieux numéros de National Geographics, écoutant avec fascination les histoires de son grand-père qui a échappé aux monstres en passant son enfance dans un pensionnat au Pays de Galles, loin de sa Pologne natale… Un pensionnat extraordinaire où vivaient des enfants différents, particuliers : « une fillette capable de voler, un garçon qui abritait des abeilles vivantes dans son ventre ; des frère et sœur si forts qu’ils pouvaient soulever d’énormes rochers au dessus de leur tête »….

A 16 ans, c’est une autre histoire. Adolescent solitaire, coincé dans une amorce de carrière dans la grande chaine de pharmacies familiale, il y a bien longtemps que Jacob ne croit plus aux monstres et aux fillettes qui lévitent. Alors quand son grand-père l’appelle une après-midi pour lui dire que les monstres sont après lui, Jacob n’envisage rien d’autre qu’une nouvelle crise de paranoïa. Et pourtant… Quand Jacob arrive chez lui, c’est pour le trouver à terre, en sang, des zébrures lui barrant le dos et le ventre, avant de le voir enfin… le monstre ! Et ses yeux sombres, et son « faisceau de langues interminables ». Le monstre qui – finalement – était revenu pour son grand-père…

« Va sur l’île, a-t-il de nouveau murmuré. Tu y seras en sécurité. Promets-moi. […] Trouve l’oiseau. Dans la boucle. De l’autre côté de la tombe du vieux. Le 3 septembre 1940. […] Emerson. La lettre. Raconte-leur ce qui est arrivé, Yakob. »

Vibrant de terreur et de tristesse, dévasté par la mort de ce grand-père qu’il adorait, Jacob se perd dans l’énigme de cesmystérieuses dernières paroles, jusqu’au jour où le hasard – et une lettre cachée dans un livre, reçue 15 ans plus tôt – le mettent sur la voie de Peregrine Faucon, directrice de l’orphelinat de l’île de Cairholm. La décision de Jacob est prise : il doit se rendre sur l’ile. C’est là qu’il découvrira…

Non, ne comptez pas sur moi pour vous dire ce qu’il découvrira 🙂 Ne comptez pas sur moi pour vous parler des boucles, des ombrunes et des enfants particuliers, des bombes qui explosent chaque soir à la même heure, des estres, des creux et des fillettes qui peuvent faire surgir des flammes de leurs paumes.

Il vous faudra lire ce beau roman d’apprentissage – pensé au départ pour un public adolescent, dès 13 ans, mais vraiment bien écrit – pour partir à la rencontre d’Emma, de Hugh, Olive, Enoch… et de Miss Peregrine, qui a tout sacrifié pour les garder en ce monde.

Au delà du récit fanastique/fantasy « Miss Peregrine… » aborde également la thématique de la Seconde Guerre mondiale, les monstres n’étant nulle part plus à leur place que dans les costumes nazis… Et cela est plus vrai encore dans la suite du roman, « Hollow City ». Un troisième tome devrait venir prochainement clore les aventures de Jacob. Titré – en version originale – « Library of Souls », il sortira en anglais à la fin du mois.

Mais la plus grande originalité de « Miss Peregrine » réside dans les photos anciennes, merveilles d’étrange et de poésie, qui l’illustrent… Même si – à dire vrai – ici, c’est en réalité le roman qui illustre ces photographies. Comme le dit lui-même l’auteur : « Ce sont les photos qui ont créé l’histoire. J’avais de nombreuses photographies bien avant d’écrire l’histoire. Plus je faisais de nouvelles acquisitions, plus l’histoire se développait dans ma tête. » L’objet livre est lui-même particulièrement soigné, un vrai petit plaisir à feuilleter…

Roman coup de cœur lu trop vite dans le train, « Miss Peregrine et les enfants particuliers » est à mettre entre les mains de tous ceux qui rêvent de partir à l’aventure dans un ailleurs où la différence reste la plus grande des forces et le plus lourd des fardeaux. A condition de ne pas avoir trop peur des monstres…

N.B. : Juste après avoir terminé ce roman, j’ai appris qu’il venait d’être adapté au cinéma par Tim Burton, avec Eva Green dans le rôle de Miss Peregrine, et une sortie prévue le 2 mars 2016 … Inutile de vous dire que je suis JOIE ! 🙂

Je remercie une autre Lili pour m’avoir fait découvrir ce roman avec sa chronique sur « Hollow City » 🙂

Et je participe une nouvelle fois au challenge « A year in England » !