{Roman } Horrorstör – Grady Hendrix

horrostor

« Orsk était le plus grand magasin de meubles scandinaves des Etats-Unis. Ses produits aux designs contemporains étaient moins chers que ceux d’Ikea et son slogan promettait « une meilleure vie pour tous ». Surtout pour les actionnaires d’Orsk qui, chaque année, se retrouvaient au quartier général de Milwaukee, dans le Wisconsin, pour se repaitre des excellents chiffres du bilan d’exploitation de leur imitation d’Ikea. Orsk s’engageait à offrir à ses clients « tout ce qu’ils désiraient », pour chaque période de leur vie. Des berceaux Balsak aux fauteuils à bascule Gutevol. Ils ne proposaient pas de cercueils. Pas pour le moment en tout cas. »

Amy avait un objectif : quitter le mobil-home de sa mère, étudier, se construire une vie, une carrière. Les aléas de la vie en ont décidé autrement, et la jeune femme a dû renoncer à ses rêves et se résoudre à travailler chez Orsk, temple de la (sur)consommation, habilement modelé sur le principe d’Ikea. Car acheter chez Orsk, ce n’est pas dépenser de l’argent, mais adopter un style de vie moderne et confortable, entouré d’amis fabuleux, d’enfants joufflus et de petits oiseaux souriants.

Quand tous ses collègues apprennent par cœur le manuel du parfait employé Orsk, Amy – elle – use de son cynisme pour faire voler en éclat l’apparente perfection du magasin. Un peu trop peut-être… Et la voilà convoquée par Basil, le manager. Alors elle rigole moins, Amy, parce que dans le fond, elle n’a rien d’autre, ne sait rien faire d’autre… Et les ventes ne décollent pas dans le magasin, des objets sont dégradés, cassés, nuit après nuit, quelque chose ne fonctionne pas, comme une tension sous-jacente… Basil va la renvoyer, Amy en est sûre.

Mais Amy a tort. Une enquête du centre régional amène en réalité Basil à demander à la jeune femme et sa collègue Ruth Ann – parfaite « Orskienne » appréciée de tous, entièrement dévouée à son travail – de passer avec lui la nuit sur place, afin de découvrir la raison de ces incidents…

C’est le début d’une nuit d’horreur pour le petit groupe, auquel viennent s’ajouter Trinity – employée à la mise en scène de l’Expo, « punkette glamour » adulée au caractère bien trempé, certaine qu’un fantôme rôde dans le magasin et prête à tout pour le filmer et devenir une chasseuse de fantômes célèbre – et Matt – amoureux fou de Trinity, fût-il, pour avoir une chance, obligé de s’inventer un intérêt pour la chasse aux fantômes. Car le magasin a un passé bien particulier et la séance de spiritisme de nos apprentis ghostbusters va rapidement très mal tourner…

3etoiles

C’est Bettie Rose qui m’a amenée à découvrir ce livre – et sa couverture si particulière – et j’ai cru au départ qu’elle plaisantait, tournant en dérision les Ikea et consorts, qui ne vont pas tarder à nous affirmer – si ce n’est déjà fait – que lire leur catalogue, c’est ouvrir son esprit au monde. Sauf que… non 🙂 Il est bien question de dérision pourtant, mais il s’agit de celle de Grady Hendrix, auteur du roman.

Evidemment, l’idée d’un grand magasin hanté a immédiatement attiré mon attention ! Enfin, on sort de la vieille maison branlante au serial killer affuté et à la planche oui-ja dans le grenier… Mais je crois que, comme Ex-heroes, ce roman est – à mes yeux – victime de son concept. Concept tellement fun – dans l’absolu – que quand le reste ne suit pas, on est rapidement déçu. Et j’ai été déçue. Pour deux raisons.

La première, c’est que, dans le fond, on reste quand même dans le cliché. Pas de vieux cimetière indien enfoui sous le magasin mais… on en est pas loin. Et la seconde, c’est le manque de subtilité du propos. La métaphore reste très sommaire, insistant sur la vacuité d’un travail absurde et répétitif ; l’embrigadement des clients, contraints par une société qu’ils acceptent de suivre le chemin tracé sans jamais en dévier ; l’embrigadement des employés, aussi, à la fois victime et bourreaux du système… Difficile de vous en dire plus sans entrer dans les détails et vous dévoiler le pourquoi du comment de l’histoire alors… disons simplement que le roman aurait gagné à ne pas s’enfoncer aussi facilement dans une certaine facilité.

Ceci étant dit, il y a une chose que j’ai vraiment appréciée, c’est le côté « livre-concept », dont la couverture et le format annoncent déjà la couleur. Le livre est pensé comme un catalogue, créant une forme d’immersion dans le monde « Orsk », avec coupons de livraison et bons de réduction. Chaque chapitre est lié à un produit vendu dans le magasin, qui prendra une place plus moins importante au fil de l’histoire. Et le type de produits évolue au fil de l’histoire, du canapé Brooka, « meilleur début de la fin de votre journée », au chariot à roulette Gurnë, idéal pour « un trajet urgent jusqu’à l’hôpital le plus proche ou une promenade tranquille vers la morgue » 🙂

horror

Si le fond reste commun en dépit de l’originalité annoncée, la forme ajoute donc une dose bienvenue de cynisme et d’humour supplémentaire. Et comme il s’agit d’une lecture relativement courte (235 pages), si le cœur vous dit de découvrir le secret du magasin Orsk de Cuyahoga, Ohio, ne vous privez pas ! La lecture en reste agréable. Mais n’en attendez pas trop, vous risqueriez d’être déçus.

Sur ce, j’vous laisse, je vais chez Ikea, ils font des boulettes végétariennes maintenant… Il sont trop forts.

3etoiles

« – Mais les fantômes ne hantent que les maisons ! objecta Carl. Tout le monde sait ça.
– Ce magasin a des chambres, des salles de bain, des cuisines et des salles à manger, répliqua Matt. Si c’est la définition d’une maison, alors Orsk en est une. « Un foyer pour chacun. » Des gens viennent ici tous les jours juste pour se promener, manger des boulettes de viande, laisser leurs enfants à l’aire de jeux, feuilleter le catalogue, boire un café. Vous l’avez dit vous-même. Cet endroit est votre maison. »

signature_rose

 

 

3 réponses à “{Roman } Horrorstör – Grady Hendrix”

  1. Globalement nos déceptions sont les mêmes 🙂

  2. Nanou4 dit :

    Arrivée par hasard sur votre blog et déjà complètement sous le charme.
    Le titre de ce livre est dans ma liste d’envies.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *