Quand je serai petite…

Pour celles et ceux qui n’ont pas suivi, j’ai acheté ce roman par le biais d’une box surprise – la Kube, sur laquelle j’ai d’ailleurs réalisé une vidéo que vous trouverez ici. J’avais donc demandé un roman avec des zombies. Mais quelque chose qui change…

Parce qu’on la connait tous, l’histoire de l’épidémie qui se répand si vite que rien ni personne – pas même le gouvernement, l’armée & autres organisations censées protéger les gens – n’est capable de l’enrayer ; l’histoire de la poignée de personnes qui se regroupe autour d’un homme, souvent policier ou militaire, un homme fort et viril qui sait utiliser une arme à feu ; sont souvent de la partie un ou deux ados (un jeune couple, c’est pas mal), une ou deux mamans avec des enfants en bas-âge (ou enceinte, enceinte c’est bien aussi), voire –mieux encore – un papa veuf avec des enfants, bref… des gens qui s’aiment, des gens à protéger ; et puis y’en a un dans le lot qui se fait mordre, bien sûr, mais qui ne dit rien aux autres, au cas où, mais ça ne fonctionne jamais, ça… Tout cela dans une Amérique chaotique où des pillards, violeurs et autres psychopathes sèment la terreur, comme si ça ne suffisait pas, une apocalypse zombie.

[Je ne sais pas vous mais moi, parfois, je me demande si avec tous les films d’horreur, de zombies, de psychopathes et autres créatures effroyables que j’ai vus, je saurai – ou non – mieux me débrouiller que d’autres en cas d’attaque quelconque… Ben quoi, on ne sait jamais ? 🙂 Ou si je me ferai juste découper en morceaux comme tout le monde…]

Et pourtant on les aime quand même, ces histoires (enfin, moi, je les aime 🙂 ), vues et revues dans des dizaines de livres, BD, séries & films. Mais j’aime aussi y trouver parfois la petite originalité, celle qui change tout…

Alors, là, j’avais envie de quelque chose de fun, pas d’effrayant, avec une héroïne bad-ass plutôt qu’un héros, et – si possible – ne se déroulant pas dans une Amérique post-apocalyptique.

Ok, c’était un peu ambitieux 🙂

J’ai donc reçu « Ex-Heroes », de Peter Clines.
Super-héros VS zombies ? Let’s go !

« A l’heure qu’il est, les Ex-humains sont apparus pour la première fois depuis douze semaines. Trois mois ont passé depuis le premier rapport connu. On en a capturé, étudié et tué. On a placardé des affiches de mise en garde, diffusé des annonces à la télévision et aux infos. Et pourtant, la population refusait obstinément de croire à l’existence des zombies qui rodaient autour d’elle, attaquaient ses foyers et dévoraient ses voisins. Les soldats, les policiers et les membres des milices citoyennes se persuadaient que les Ex n’étaient que des victimes, affectées par une maladie guérissable, contre toute apparence. Et ils refusaient de prendre les mesures qui s’imposaient. Ils refusaient de comprendre la vérité. Et d’agir en conséquence. »

Hollywood. De nos jours. Alors qu’une apocalypse zombie s’est répandue sur le monde, quelques survivants ont trouvé refuge sur le Mont – les studios de la Paramount – et vivent au milieu de décors de cinéma qu’ils ont réaménagés en circonstance.

Le gouvernement n’est plus, la majorité des miliaires sont morts(-vivants). Alors, perchées sur les hauts murs d’enceinte du Mont, les sentinelles veillent. En contrebas, des hordes de zombies – des Ex – claquent des mâchoires, espérant déchiqueter une personne ou deux. Mais c’est sans compter les super-héros, dont la puissance et les pouvoirs complémentaires offrent aux habitants une (relative) sécurité : Mighty Dragon, l’invincible cracheur de feu ; Cerberus, le robot surpuissant ; Zzzap, boule d’énergie incandescente ; Gorgon, et son regard vampirique… ou encore la mystérieuse Stealth, beauté fatale redoutable qui règne sur le groupe d’une main de fer.

Pourtant, lors d’une mission de ravitaillement, un groupe d’humains et de super-héros tombe dans l’embuscade que leur ont tendue les Seventeen, un gang ennemi, adeptes du chaos dirigés par le mystérieux Pézède… Et si les Ex n’étaient pas ceux dont nos héros devaient réellement se méfier ?

Bon, n’ayons pas peur des mots, ce roman est une déception.

Moi présidente écrivaine, avec une idée comme celle-ci, j’aurais eu envie d’écrire quelque chose de vraiment fun, sans trop de prétention, probablement, juste un petit plaisir littéraire, mais pas un roman comme ici, d’un premier degré absolu. Parce que – soyons clairs – je ne m’attendais pas à un monument de littérature, évidemment, mais là, on frise l’absence totale de style… Peter Clines nous raconte une histoire, d’accord. Je crois qu’il aurait mieux fait d’écrire un scénario. Visuellement, ça aurait peut-être valu quelque chose. Mais là, je suis vraiment perplexe…

Autre défaut, à mes yeux : il y a beaucoup de personnages (aussi bien super-héros, qu’humains), et peu de pages. Par conséquent, aucun n’est vraiment présenté de façon un peu poussée, aucun ne nous touche, en dépit de flash back nous faisant revivre les débuts ou les péripéties des héros, avant. Donc ils vivent, ils meurent… On s’en fiche en fait. Pour être honnête, une fois le livre refermé, j’étais bien incapable de citer les noms des personnages (encore plus pour les humains), et de dire s’ils étaient vivants ou morts…

Quant aux personnages féminins, alors – certes – elles sont bad-ass, mais bonjour les clichés… Toutes des bombasses (pour la petite histoire, ce mot est entré dans le Petit Robert en 2013, en même temps que « choupinet », « chelou » ou encore « kéké », ça ne s’invente pas !) ultra-moulées dans leur combinaison, mais quand même super méga intelligentes et qui ne se laissent pas marcher sur les pieds – enfin vous voyez le genre..? – mais pas vraiment sympathiques, du coup… Je crois que c’est une héroïne féministe plutôt que féminine, que j’aurais dû demander 🙂

Bon, en même temps, je n’ai jamais trouvé les super-héros très sympathiques… [Tant qu’on est dans les conseils de non-lecture, je vous invite à ne pas lire « La vie sexuelle des super-héros », de Marco Mancasolla. Je vous aurai prévenus 🙂 ] Et j’ai toujours eu un penchant pour ceux – un peu dark – qui n’hésitent pas à mettre les mains dans le cambouis et à sortir du manichéisme « méchants VS gentils ». Dans « Ex Heroes », on est malheureusement en plein dedans. Une vague réflexion se dessine : « En cas d’apocalypse, peut-on tuer des humains pour se protéger ou doit-on se limiter aux zombies ? », mais l’esquisse est bien légère… A défaut de fun, il pourrait y avoir des questions de fond intéressantes. Sauf que non.

Alors il reste quoi ? Des scènes de combat, des robots avec des canons, des scènes de combat, des super héros super trop forts qui résistent à tout (ce n’est pas très drôle d’ailleurs, quand personne ne se fait manger…), quelques blagues douteuses, des scènes de combat et… oh ! si, ce que j’ai trouvé assez sympa, c’est la réutilisation des studios hollywoodiens en zone de retranchement, avec notamment quelques petites références cinématographiques et télévisuelles qui font sourire…

Pour n’en citer qu’une, qui m’évoque beaucoup de choses (en dépit d’une certaine niaiserie… mais j’aime moi aussi l’idée de changer le monde, alors je lui pardonne 🙂 ) :

« Tu sais quelle série je préférais, gamin ? […] « Doctor Who ». Un truc britannique. […] Le docteur n’avait si super-pouvoirs, ni armes ni rien de tout ça. C’est juste un type malin qui s’efforçait de faire le bien. D’aider les gens quoi qu’il advienne. Et ça m’a marqué quand j’étais gamin. Cette idée que le monde avait beau être froid, cruel et impitoyable mais qu’il existait quelqu’un, quelque part, qui souhaitait juste améliorer les choses. Et pas à l’échelle des planètes ou des pays, pas de façon floue. Non, les améliorer pour tous ceux qui tentaient simplement de vivre leur vie, même s’ils ignoraient tout de son existence. »

Allez, finissons sur une touche positive : j’ai trouvé intéressant le petit twist dévoilant les origines de l’épidémie. Et les zombies « conscients », ce n’était pas une mauvaise idée, quand même…

En résumé : sauf si vous êtes un fan absolu de zombies et de super-héros très premier degrés et que, en dépit de tout ce que je viens de vous dire, l’idée de les voir combattre vous fait des chatouilles dans le ventre, je pense que d’autres lectures zombies sauront davantage vous satisfaire… 🙂

Si vous avez envie de lire quelque chose de beaucoup plus fun, je vous conseille « Zombie Ball » de Paolo Bacigalupi qui, lui, relève vraiment du petit kiff zombie, avec ces trois ados qui déciment des morts-vivants à coup de battes de base-ball, sur fond de racisme ordinaire et d’exploitation animale (mention spéciale à Kurt, la tête de vache zombie…).

Et – si vous ne l’avez jamais vu – je ne peux que vous conseiller le film « Shaun of the Dead », petite merveille d’humour anglais avec un Simon Pegg juste parfait, comme bien souvent…

De mon côté, je n’en ai pas fini avec les zombies, alors si vous avez des idées de lecture / films / séries / BD, n’hésitez pas à me laisser en commentaire ! 🙂