{Roman Jeunesse} Je m’appelle Mina – David Almond

jemappellemina« J’adore les après-midi comme ça, lorsqu’on parle de choses comme la métempsychose, qu’on apprend tellement de choses, qu’on s’étonne, qu’on découvre, que les idées se développent et prennent leur envol, comme celle de l’œuf et de l’univers. J’adore être scolarisée à la maison, ne pas être soumise à des matières, des horaires et des règles. Ça fait presque un an que ça dure, depuis ce jour redouté des évaluations. On dirait que ça fait beaucoup longtemps – peut-être à cause de cette impression d’avoir autant de liberté, d’espace et de temps. »

Perchée dans son arbre, Mina observe– tout en haut – les œufs des merles qui vont bientôt éclore et – tout en bas – ce monde un peu étrange auquel on attend d’elle qu’elle appartienne. A moins que ce ne soit elle, qui soit un peu étrange..?

Mina vit seule avec sa mère ; son père est mort depuis si longtemps qu’elle s’en souvient à peine. Elles sont toutes les deux, rien que toutes les deux, et c’est bien suffisant. Les autres, ils ne la comprennent pas. Alors elle ne va plus à l’école, car les écoles sont des prisons, des moules dans lesquels elle ne rentre pas. Là bas, on doit apprendre les mots, les réciter, écrire des phrases absurdes de bêtise, mais pas jouer avec. Or c’est ce qu’elle préfère, Mina, jouer avec les mots. Les inventer, les gribouiller dans son carnet et les détourner, faire des calligrammes, imaginer des histoires, et des langages, les répéter, les clamer, laisser rouler leurs sonorités sous sa langue. Les rendre vivants.

Mina note tout dans son carnet, hymne à Perséphone – qu’elle avait pensé croiser aux Enfers, quand elle était partie chercher son père – aux archéoptéryx et à William Blake… Elle parle d’elle, de sa mère, de sa difficulté à se lier aux autres, de la maison voisine – en vente – et de ses futurs voisins, dont elle espère qu’ils soient « intéressants ». Et ils le seront – sans doute – avec un bébé, et un jeune garçon de son âge…

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Depuis que je me suis inscrite en Master Littérature d’Enfance et de Jeunesse, j’ai pris l’habitude – une riche idée ! 🙂 – de flâner au rayon jeunesse de ma médiathèque. Je lis quelques albums, feuillette contes et BD, emprunte un ou deux romans « jeunesse »…

C’est d’abord la couverture qui m’a attirée, tout de blanc et doré, et – surtout – entièrement recouverte de mots… Et puis j’ai ouvert le roman… et je n’ai eu d’autre choix que de l’emprunter ! Je vous laisse le feuilleter à l’occasion, pour vous rendre compte par vous-même…

Je me suis reconnue dans Mina. Beaucoup. Peut-être parce que, moi aussi, je me souvent sentie un peu « à côté » – très certainement pas autant qu’elle… – ou peut-être de par notre amour commun des mots. Il y a tant à dire avec eux, et tant à dire sur eux ! Tant à créer, inventer, savourer… Quand Mina, incapable de suivre le schéma narratif imposé par son enseignante, écrit des histoires « qui ne [veulent] pas rester tranquille », impossible pour moi de ne pas sourire en me revoyant sur les bancs de l’école, l’imagination débordante refusant d’être bridée… En cours de français, j’ai toujours rédigé mes plans après avoir écrit mes histoires… 🙂 « [Les mots] s’échappaient en d’étranges et merveilleuses directions, donnant à mon histoire un tour inattendu. »

« Je m’appelle Mina » est un roman-poésie, à la fois simple et riche, jamais niais, à poser sur sa table de nuit et à lire petit bout par petit bout, à picorer. Un compagnon. Je vous laisse également découvrir par vous-mêmes les « activités hors-pistes » de Mina, charme supplémentaire de ce roman, s’il en était besoin…

« Je m’appelle Mina » fait écho à « Skellig », le premier roman pour la jeunesse de David Almond, centré sur la famille qui emménage dans la maison voisine, et notamment sur le jeune garçon, Michael. Une future lecture  🙂

Difficile de vous en dire plus sans vous voler un peu de plaisir de lecture, alors je vous laisse avec ces quelques mots et cette photo…

« Une histoire sans mot. Sur la page suivante, il y a l’histoire que j’ai inventée quand je suis allée au centre de Corinthian Avenue. C’est une page vide, sans aucun mot. Elle est comme le dos de Steepy qui attend des tatouages. Elle est comme un ciel vide qui attend qu’un oiseau le traverse. Elle est aussi silencieuse qu’un œuf qui attend l’éclosion d’un poussin. Elle est comme l’univers avant le commencement du temps. Elle est comme le futur qui attend de devenir présent. Regardez-la attentivement, et elle pourra se couvrir de souvenirs, de drames, de rêves, de visions. C’est une page remplie de possibilités, ce n’est pas une page blanche. »

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2 réponses à “{Roman Jeunesse} Je m’appelle Mina – David Almond”

  1. Je suis actuellement entrain de lire ! J’aime beaucoup, c’est très doux, poétique et Mina est terriblement attachante !

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