{Roman Jeunesse} Six of Crows – Leigh Bardugo

six-of-crows« Kaz ne pouvait distinguer les traits d’Inej dans le noir, mais il sentait son regard désapprobateur.
– La cupidité est ton seul dieu.
Il se retint de rire.
– Non, Inej. La cupidité courbe l’échine devant moi. C’est mon serviteur et mon levier.
– Alors quel dieu sers-tu ?
– Celui qui me rendra riche.
– Ce n’est pas ce que font les dieux.
– Je m’en contrefiche. »

Dans le Barrel ne règne qu’une seule loi : celle du plus fort. Ou du plus malin.
Et dans ce quartier de Ketterdam, sinistre, violent, pourri jusque dans ses moindres recoins, le plus malin, c’est Kaz Brekker, alias « Dirtyhands » – « les mains sales ». Inutile d’épiloguer, son nom le précède.

De la mort de son frère, victime d’un chef de gang qui a laissé les deux jeunes garçons sans le sou, Kaz a gardé un brûlant désir de vengeance, et l’incapacité non pas tant d’aimer que de s’ouvrir, de faire confiance, de laisser un autre être humain le toucher, moralement, physiquement. Froid, génial et arrogant, appuyé sur sa canne comme si elle était un prolongement de lui-même, Kaz Brekker a toujours un coup d’avance.

Alors quand une drogue dévastatrice – le jurda parem – se répand dans le Barrel, donnant aux Grishas – êtres dotés de pouvoirs magiques – une puissance terrifiante, capable de détruire toute forme de civilisation, c’est à Kaz que fait appel le riche mercurien Van Eck. Sa mission ? Libérer le savant à l’origine de cette drogue, prisonnier aux mains des Fjerdans. Son problème ? Il est enfermé dans une forteresse réputée imprenable. A la clé ? Une fortune. 30 millions de kruge. (suite…)

{Roman Jeunesse} Plus de morts que de vivants – Guillaume Guéraud

plusdemorts« Depuis longtemps dépassés par les évènements, sans plus aucune prise sur le réel, ni sur le présent, encore moins sur ce qui allait pouvoir se passer, uniquement projetés en avant par des réflexes hérités de temps ancestraux dont ils ignoraient tout, un instinct naturel de survie face à la peur peut-être, la peur à laquelle ils croyaient s’être habitués mais qui était soudain montée d’un cran pour leur rappeler qu’elle les dominait, la peur semblait leur brûler les pieds, les poussant à accélérer pour échapper encore une fois au pire, même si toutes leurs certitudes s’écroulaient, même si tous les voyants clignotaient au rouge, même si l’idée de leur propre mort leur apparaissait de plus en plus évidente. »

Marseille. Collège Rosa Parks. Vendredi 17 février. Une matinée glaciale.

Dans la cour, il y a Matt, Nino, Julie, Fab et Cess. Pas Charlotte, restée malade à la maison, au désespoir de Matt qui n’aime rien tant que l’embrasser. Nino fait l’idiot, comme d’habitude. Peut-être parce qu’il n’a d’yeux que pour Cess, sans trop savoir comment lui dire…

Il y a la jeune Lila, qui ne s’est pas encore vraiment faite au collège, à ses grandes gueules et leurs insanités. Il y a Zak.

Et puis il y a Corentin, dont le nez commence à saigner. Et Yasmine qui – sans s’en rendre compte – vient de perdre une mèche de sa magnifique chevelure. Des prémices de l’insoupçonnable.

Slimane est en retard, comme d’habitude. Quand il daigne venir. Mais aujourd’hui, il a cours d’anglais, avec Miss Heatherbarrow. Elle a beau être enceinte jusqu’aux yeux, Slimane est sous son charme, indubitablement, absolument.

Ce soir, ce sera les vacances.
Ce soir…

Puis le nez de Corentin commence à déverser des flots de sang, et Yasmine devient folle d’avoir vu ses cheveux tomber, tous. Et le visage de Kevin se fend en deux, et le ventre de la grosse Anouk… Ce n’est que le début. Le début de quoi ? Personne ne le sait. Arrivent les secours. Les pompiers. Une aide psychologique, quand les premiers morts touchent le sol.

Puis l’horreur.
L’horreur absolue.
Et la quarantaine. Le plan Orsec.
Les portes du collège resteront fermées.
Et les corps tombent… (suite…)

{Art} Rencontre avec le land-art…

livre_landartParfois, dans la vie, on décide d’un chemin, on sait ce que l’on veut faire, on sait où on veut aller, et puis… et puis, parfois (souvent ?), un détour s’impose, un chemin de traverse. Il n’est pas question de renoncer, non, juste de patienter. Et pour ne pas (trop) perdre son temps, ni son énergie, il faut accepter de se nourrir de cet ailleurs que l’on n’aurait pas pensé croiser. Que l’on aurait peut-être même évité, intuitivement.

Aujourd’hui, professionnellement, je suis sur un chemin de traverse. Évidemment, dans l’absolu, j’aurais préféré prendre la ligne droite. Mais je l’aime, finalement, mon chemin de traverse. J’aime les gens que j’y ai rencontrés, les combats que j’y ai menés, les découvertes que j’y ai faites.

L’animation, le travail avec les enfants était quelque chose d’assez « abstrait » pour moi. Je pense que je n’avais pas réellement idée de tout le potentiel, de toute la richesse que l’on peut mettre dans ce métier, à condition d’en avoir l’envie. Et puis j’ai rencontré des personnes qui – quelque part… n’ayons pas peur des mots – ont changé ma vie. M’ont ouvert des fenêtres, des perspectives, ont fait éclore plein de petits « pop ! » dans ma tête. Et le land-art, pour moi, est un de ces petits « pop ! ».

Entourée d’animateurs, donc, le mot « land-art » a tout à coup sonné régulièrement à mes oreilles… Et même si j’avais une idée globale de ce que c’était, de ses principales valeurs, je n’en connaissais ni l’histoire, ni les tenants et aboutissants. Mais lors d’un week-end en pleine campagne, j’ai eu une folle envie de me lancer. Intuitivement. Naïvement. De simplement jouer avec la nature, d’être créative.

Mes premières « œuvres »…

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stairway_landart2 (suite…)

{Roman Jeunesse} Quelqu’un qu’on aime – Séverine Vidal

Couv-Quelquun-quon-aime« Ça fait des mois… Ça fait des mois que j’attends ça, tu sais ? Des mois. La première étape du trip ! Et rien de ce que j’avais imaginé ne s’est produit. On devrait être là depuis des jours, juste Gary, Amber et moi. Et même juste Gary et moi, dans le projet initial. Et là… On approche du truc et vous êtes avec nous. Luke et toi. J’ai ce petit machin à boucles dans les bras. Ce truc qui me chamboula la vie… La vie, merde… quand même ! ».

Old Gary a la mémoire qui flanche, et ce n’est pas peu dire. Il confond ses petits fils, oublie que leur mère – sa chère DeeDee – est morte il y a un an, et puis il se perd, sort dans la rue sans s’être habillé… Alzheimer, a dit le docteur. Alzheimer et ses trois phases qui le conduiront dans un ailleurs où il ne sert à rien de vivre.

Mais ce qu’il n’a pas oublié, Gary, pas encore, c’est Pat Boone, l’idole de sa jeunesse. Celui qu’il a suivi en tournée à travers le pays avec ses potes. Celui qui – dans son cœur – vaut mille Elvis. Le Boone, c’est un morceau trop important de sa vie pour qu’il l’oublie, alors son petit-fils, Matt, a décidé de l’embarquer dans un road trip, revivre dans les théâtres et les salles de sa concert des souvenirs de sa jeunesse enfuie.

Matt l’attend, ce voyage. Mais il va d’apprendre une sacré nouvelle : il est papa d’une petite Amber, âgée d’un an et demi. Il s’est séparé de sa mère, Dixie, sans savoir et puis… un jour, assis dans un diner, comme ça, le voilà papa. Dixie a trouvé un travail. Elle a besoin que Matt garde Amber… Comment ça marche, un bébé ? Matt ne sait pas trop mais cette petite fille a les fossettes de sa mère, et il a 18 mois à rattraper avec elle alors… la famille s’agrandit, le temps d’un voyage. (suite…)

{Homme-mage} Journal d’un vampire en pyjama – Mathias Malzieu

Journal-dun-vampire-en-pyjama« J’ai toujours rêvé d’être un superhéros. Avant tout pour me sauver moi-même. Mais anéantir mes démons serait trop facile, car en réalité j’ai besoin d’eux. Si je les tue, je me tue. J’ai beau vouloir être inventeur, crooner, semi-poète, illusionniste, skateur en plastique, mangeur de femme en peau de crêpe et imitateur d’animaux sauvages, je suis insomniaque, angoissé et épuisé d’avoir trop cru. Comme si je m’étais foutu de ma propre gueule. »

Peut-on parler de coup de cœur lorsqu’un homme raconte comment Dame Oclès a été à une poignée de globules blancs de le briser de son épée ? Peut-on parler de poésie en chambre stérile ? Peut-on trouver de la magie dans une aventure humaine à la lisière de la mort ?

Il n’y a pas si longtemps, je crois que je vous aurais dit « non ».
Et puis j’ai lu « Journal du vampire en pyjama »

« Je tiens ce journal comme le gouvernail d’un chalutier éventré. Une lampe à pétrole vacille entre mes genoux. Les déferlantes fracassent le corps des sirènes endormies contre la coque de mon esquif. Un orage gronde en silence à ma fenêtre. Les étoiles se décrochent du placenta céleste pour se planter une à une dans mon lit. « Ô Capitaine ! Mon Capitaine ! », disait Whitman. J’aurais bien besoin de me fabriquer de nouvelles armes hémato-poétiques. Un bouclier mental si puissant qu’il modifierait ma biologie. Le cœur et son armada de désirs à la rescousse du corps. The poetry of war. » (suite…)

{Roman} Zombie Nostalgie – Øystein Stene

zombie_nostalgie« Mon projet n’est pas de m’inscrire dans l’histoire, mais de m’en délivrer. Je cherche une échappatoire, un passage, une brèche, un lieu où l’histoire ne pourra plus me rattraper, un lieu où elle sera hors de portée. Je voudrais être là, sans être associé au destin de la nation, sans être associé au vide qu’elle a laissé. Je voudrais exister. En tant qu’être humain, pourrait-on dire. J’essaie de faire place à quelque chose de nouveau. »

Quelque part, dans l’océan Atlantique, se trouve l’île de Labfonia… Inutile de la chercher sur une carte. Cette île est cachée, secrète, effacée par les services secrets des grandes puissances occidentales.

Chaque jour, des hommes, des femmes s’y réveillent – à l’image de notre narrateur. Leur corps est raide, leur peau bleuâtre, ils ne ressentent rien et grognent plus qu’ils ne parlent… Ils sont vides de souvenirs, d’un avant ou d’un ailleurs. Ils se sont simplement éveillés, ici, et puisqu’ils n’ont pas d’existence, leur nouvelle société va leur en donner une : un nom, un métier, un logement. Comme une vraie vie. Sauf qu’ils sont morts. Ou immortels. Mais dans le fond, n’est ce pas la même chose ?

Rebaptisé Johannes, notre narrateur va vite démontrer d’excellentes capacités d’adaptation, bien plus importantes que la majorité des Labfoniens. Il réapprend à parler, à se mouvoir et trouve avec plus moins de bonheur sa place au sein des archives, où il a été affecté. Mais « bonheur » est un bien grand mot, car les Labfoniens sont vides de sentiments. Ils simulent – l’amour, la jalousie, la colère, tentent de ressembler à des humains, à ceux qu’ils étaient peut-être, à ceux qu’ils ne deviendront jamais. (suite…)

{Roman} Papillon de nuit – R.J. Ellory

papillon-de-nuit-ellory« Si je tentais de résumer ça en une seule affirmation, comme si j’essayais de synthétiser toute ma vie en un seul paragraphe, je dirais que ce n’était vraiment qu’une histoire d’amitié. Mon amitié avec Nathan Verney a réellement été le début et la fin de tout. C’est avec lui que j’ai découvert le monde, et je ne vois pas un seul évènement important antérieur à sa mort que nous n’ayons pas partagé. De six à vingt-quatre ans, nous avons vécu des vies parallèles, et si l’un ou l’autre partait de temps en temps à droite ou à gauche, ou alors marquait une pause, ralentissait, ou manquait un pas, nous finissions toujours par nous retrouver un peu plus loin. »

Caroline du Sud, 1982. Daniel Ford attend la mort. La chaise électrique.
Douze ans qu’il purge sa peine à Sumter pour le meurtre de son meilleur ami, Nathan Verney.
Un châtiment qu’il a accepté, pour un crime qu’il n’a pas commis. Parce que la culpabilité est là, malgré tout… Elle le ronge et le réduit à néant. Comme un papillon de nuit qui s’approche trop près de la lumière.

Plus la date de l’exécution approche, plus les souvenirs se font précis, vibrants, et ce qui pourrait n’être « que » le récit d’une erreur judiciaire devient le récit d’un monde, d’une époque. Celle – il n’y a pas si longtemps que ça – où un Noir et un Blanc n’auraient pas eu le droit d’être amis… Et c’est tout un pan de l’histoire américaine qui défile – JFK et « la mort du roi », la guerre du Vietnam, Nixon, le Watergate, Marthin Luther King, le Ku Kux Klan… – dont la folie causera la perte de Daniel et de Nathan, le « petit gosse noir [avec] des oreilles comme des anses de cruche, des yeux comme des feux de signalisation, et une bouche qui lui fendait le visage d’une oreille à l’autre », avec lequel il a partagé un sandwich au jambon cuit un été, près de la rive du lac Marion. (suite…)

{Roman Jeunesse} Je m’appelle Mina – David Almond

jemappellemina« J’adore les après-midi comme ça, lorsqu’on parle de choses comme la métempsychose, qu’on apprend tellement de choses, qu’on s’étonne, qu’on découvre, que les idées se développent et prennent leur envol, comme celle de l’œuf et de l’univers. J’adore être scolarisée à la maison, ne pas être soumise à des matières, des horaires et des règles. Ça fait presque un an que ça dure, depuis ce jour redouté des évaluations. On dirait que ça fait beaucoup longtemps – peut-être à cause de cette impression d’avoir autant de liberté, d’espace et de temps. »

Perchée dans son arbre, Mina observe– tout en haut – les œufs des merles qui vont bientôt éclore et – tout en bas – ce monde un peu étrange auquel on attend d’elle qu’elle appartienne. A moins que ce ne soit elle, qui soit un peu étrange..?

Mina vit seule avec sa mère ; son père est mort depuis si longtemps qu’elle s’en souvient à peine. Elles sont toutes les deux, rien que toutes les deux, et c’est bien suffisant. Les autres, ils ne la comprennent pas. Alors elle ne va plus à l’école, car les écoles sont des prisons, des moules dans lesquels elle ne rentre pas. Là bas, on doit apprendre les mots, les réciter, écrire des phrases absurdes de bêtise, mais pas jouer avec. Or c’est ce qu’elle préfère, Mina, jouer avec les mots. Les inventer, les gribouiller dans son carnet et les détourner, faire des calligrammes, imaginer des histoires, et des langages, les répéter, les clamer, laisser rouler leurs sonorités sous sa langue. Les rendre vivants. (suite…)

{Roman} Intérieur nuit – Marisha Pessl

interieur_nuit« Elle m’a dit que son père lui avait appris à vivre au-delà des limites de la vie, dans ses recoins les plus cachés, là où le commun des mortels n’a pas le courage d’aller, là où on souffre, là ou règnent une beauté et une douleur inimaginable. Elle se demandait toujours ‘’Oserais-je ? Oserais-je déranger l’univers ?’’ […] Ils s’imposaient toujours de ne pas mesurer l’existence avec une cuiller à café, à coup de matins et d’après-midi, mais au contraire de nager au fond, tout au fond de l’océan, pour découvrir le lieu où chantaient les sirènes. Où il y avait du danger, de la beauté et de la lumière. Uniquement l’instant présent. Ashley disait que c’était la seule manière de vivre. »

Cordova est le plus grand mystère du cinéma de ce siècle : un homme invisible – sa dernière interview au magazine Rolling Stone date de 1977- énigme retranchée dans son immense domaine – le Peak – au sein duquel il tourne tous ses films, tous ses cauchemars à la violence infernale, qui – peut-être – semblent trop réels ? Sa vie elle-même est peuplée de zones d’ombres, d’une épouse accidentellement noyée, d’une assistante un peu trop dévouée, d’acteurs qui refusent de parler… L’homme déchaine les passions autant que la haine, génie pour les uns, démon pour les autres, démiurge d’un univers cauchemardesque que l’Internet underground et ses amateurs les plus absolus – les cordovistes – tentent de s’approprier pour en percer les secrets. Objets de véritables cultes, ces films s’échangent aujourd’hui sous le manteau, moyennant des sommes folles, ou sont projetés clandestinement la nuit dans les couloirs de métro des grandes villes, pour ceux qui ont le cœur bien accroché et croient – sans doute à tort – ne plus avoir peur du noir… (suite…)

{Envies} 2016 will rock ! ☆

keep-calm-and-be-a-unicorn-Hoodies2016 will rock ! ☆
C’est comme ça, j’ai décidé.

Parce que – naïvement peut-être – j’ai envie de croire qu’il suffit d’avoir envie pour réussir. Parce qu’avoir envie, c’est se donner les moyens, non ?

Alors, pour débuter l’année, pas de vœux, pas de résolutions, juste un inventaire à la Prévert de mes envies, un peu pêle-mêle, quelques objets, quelques idées… L’envie de partager.

☆ Je suis ce que l’on appelle une control freak. Tout le temps dans le contrôle, la maitrise, le perfectionnisme. Et c’est épuisant. Bon… Ceci étant dit, j’ai beau rester calme et être une licorne, je ne vais pas non plus vous faire croire que je suis capable de changer ça, hein 🙂 Mais faire un pas vers un ailleurs, oui. Avec ce livre trouvé dans une petite boutique parisienne absolument adorable : La Petite Epicerie. (suite…)