{Roman Jeunesse} Quelqu’un qu’on aime – Séverine Vidal

Couv-Quelquun-quon-aime« Ça fait des mois… Ça fait des mois que j’attends ça, tu sais ? Des mois. La première étape du trip ! Et rien de ce que j’avais imaginé ne s’est produit. On devrait être là depuis des jours, juste Gary, Amber et moi. Et même juste Gary et moi, dans le projet initial. Et là… On approche du truc et vous êtes avec nous. Luke et toi. J’ai ce petit machin à boucles dans les bras. Ce truc qui me chamboula la vie… La vie, merde… quand même ! ».

Old Gary a la mémoire qui flanche, et ce n’est pas peu dire. Il confond ses petits fils, oublie que leur mère – sa chère DeeDee – est morte il y a un an, et puis il se perd, sort dans la rue sans s’être habillé… Alzheimer, a dit le docteur. Alzheimer et ses trois phases qui le conduiront dans un ailleurs où il ne sert à rien de vivre.

Mais ce qu’il n’a pas oublié, Gary, pas encore, c’est Pat Boone, l’idole de sa jeunesse. Celui qu’il a suivi en tournée à travers le pays avec ses potes. Celui qui – dans son cœur – vaut mille Elvis. Le Boone, c’est un morceau trop important de sa vie pour qu’il l’oublie, alors son petit-fils, Matt, a décidé de l’embarquer dans un road trip, revivre dans les théâtres et les salles de sa concert des souvenirs de sa jeunesse enfuie.

Matt l’attend, ce voyage. Mais il va d’apprendre une sacré nouvelle : il est papa d’une petite Amber, âgée d’un an et demi. Il s’est séparé de sa mère, Dixie, sans savoir et puis… un jour, assis dans un diner, comme ça, le voilà papa. Dixie a trouvé un travail. Elle a besoin que Matt garde Amber… Comment ça marche, un bébé ? Matt ne sait pas trop mais cette petite fille a les fossettes de sa mère, et il a 18 mois à rattraper avec elle alors… la famille s’agrandit, le temps d’un voyage. (suite…)

{Roman} Zombie Nostalgie – Øystein Stene

zombie_nostalgie« Mon projet n’est pas de m’inscrire dans l’histoire, mais de m’en délivrer. Je cherche une échappatoire, un passage, une brèche, un lieu où l’histoire ne pourra plus me rattraper, un lieu où elle sera hors de portée. Je voudrais être là, sans être associé au destin de la nation, sans être associé au vide qu’elle a laissé. Je voudrais exister. En tant qu’être humain, pourrait-on dire. J’essaie de faire place à quelque chose de nouveau. »

Quelque part, dans l’océan Atlantique, se trouve l’île de Labfonia… Inutile de la chercher sur une carte. Cette île est cachée, secrète, effacée par les services secrets des grandes puissances occidentales.

Chaque jour, des hommes, des femmes s’y réveillent – à l’image de notre narrateur. Leur corps est raide, leur peau bleuâtre, ils ne ressentent rien et grognent plus qu’ils ne parlent… Ils sont vides de souvenirs, d’un avant ou d’un ailleurs. Ils se sont simplement éveillés, ici, et puisqu’ils n’ont pas d’existence, leur nouvelle société va leur en donner une : un nom, un métier, un logement. Comme une vraie vie. Sauf qu’ils sont morts. Ou immortels. Mais dans le fond, n’est ce pas la même chose ?

Rebaptisé Johannes, notre narrateur va vite démontrer d’excellentes capacités d’adaptation, bien plus importantes que la majorité des Labfoniens. Il réapprend à parler, à se mouvoir et trouve avec plus moins de bonheur sa place au sein des archives, où il a été affecté. Mais « bonheur » est un bien grand mot, car les Labfoniens sont vides de sentiments. Ils simulent – l’amour, la jalousie, la colère, tentent de ressembler à des humains, à ceux qu’ils étaient peut-être, à ceux qu’ils ne deviendront jamais. (suite…)

{Roman} Papillon de nuit – R.J. Ellory

papillon-de-nuit-ellory« Si je tentais de résumer ça en une seule affirmation, comme si j’essayais de synthétiser toute ma vie en un seul paragraphe, je dirais que ce n’était vraiment qu’une histoire d’amitié. Mon amitié avec Nathan Verney a réellement été le début et la fin de tout. C’est avec lui que j’ai découvert le monde, et je ne vois pas un seul évènement important antérieur à sa mort que nous n’ayons pas partagé. De six à vingt-quatre ans, nous avons vécu des vies parallèles, et si l’un ou l’autre partait de temps en temps à droite ou à gauche, ou alors marquait une pause, ralentissait, ou manquait un pas, nous finissions toujours par nous retrouver un peu plus loin. »

Caroline du Sud, 1982. Daniel Ford attend la mort. La chaise électrique.
Douze ans qu’il purge sa peine à Sumter pour le meurtre de son meilleur ami, Nathan Verney.
Un châtiment qu’il a accepté, pour un crime qu’il n’a pas commis. Parce que la culpabilité est là, malgré tout… Elle le ronge et le réduit à néant. Comme un papillon de nuit qui s’approche trop près de la lumière.

Plus la date de l’exécution approche, plus les souvenirs se font précis, vibrants, et ce qui pourrait n’être « que » le récit d’une erreur judiciaire devient le récit d’un monde, d’une époque. Celle – il n’y a pas si longtemps que ça – où un Noir et un Blanc n’auraient pas eu le droit d’être amis… Et c’est tout un pan de l’histoire américaine qui défile – JFK et « la mort du roi », la guerre du Vietnam, Nixon, le Watergate, Marthin Luther King, le Ku Kux Klan… – dont la folie causera la perte de Daniel et de Nathan, le « petit gosse noir [avec] des oreilles comme des anses de cruche, des yeux comme des feux de signalisation, et une bouche qui lui fendait le visage d’une oreille à l’autre », avec lequel il a partagé un sandwich au jambon cuit un été, près de la rive du lac Marion. (suite…)

{Roman Jeunesse} Je m’appelle Mina – David Almond

jemappellemina« J’adore les après-midi comme ça, lorsqu’on parle de choses comme la métempsychose, qu’on apprend tellement de choses, qu’on s’étonne, qu’on découvre, que les idées se développent et prennent leur envol, comme celle de l’œuf et de l’univers. J’adore être scolarisée à la maison, ne pas être soumise à des matières, des horaires et des règles. Ça fait presque un an que ça dure, depuis ce jour redouté des évaluations. On dirait que ça fait beaucoup longtemps – peut-être à cause de cette impression d’avoir autant de liberté, d’espace et de temps. »

Perchée dans son arbre, Mina observe– tout en haut – les œufs des merles qui vont bientôt éclore et – tout en bas – ce monde un peu étrange auquel on attend d’elle qu’elle appartienne. A moins que ce ne soit elle, qui soit un peu étrange..?

Mina vit seule avec sa mère ; son père est mort depuis si longtemps qu’elle s’en souvient à peine. Elles sont toutes les deux, rien que toutes les deux, et c’est bien suffisant. Les autres, ils ne la comprennent pas. Alors elle ne va plus à l’école, car les écoles sont des prisons, des moules dans lesquels elle ne rentre pas. Là bas, on doit apprendre les mots, les réciter, écrire des phrases absurdes de bêtise, mais pas jouer avec. Or c’est ce qu’elle préfère, Mina, jouer avec les mots. Les inventer, les gribouiller dans son carnet et les détourner, faire des calligrammes, imaginer des histoires, et des langages, les répéter, les clamer, laisser rouler leurs sonorités sous sa langue. Les rendre vivants. (suite…)

{Roman} Intérieur nuit – Marisha Pessl

interieur_nuit« Elle m’a dit que son père lui avait appris à vivre au-delà des limites de la vie, dans ses recoins les plus cachés, là où le commun des mortels n’a pas le courage d’aller, là où on souffre, là ou règnent une beauté et une douleur inimaginable. Elle se demandait toujours ‘’Oserais-je ? Oserais-je déranger l’univers ?’’ […] Ils s’imposaient toujours de ne pas mesurer l’existence avec une cuiller à café, à coup de matins et d’après-midi, mais au contraire de nager au fond, tout au fond de l’océan, pour découvrir le lieu où chantaient les sirènes. Où il y avait du danger, de la beauté et de la lumière. Uniquement l’instant présent. Ashley disait que c’était la seule manière de vivre. »

Cordova est le plus grand mystère du cinéma de ce siècle : un homme invisible – sa dernière interview au magazine Rolling Stone date de 1977- énigme retranchée dans son immense domaine – le Peak – au sein duquel il tourne tous ses films, tous ses cauchemars à la violence infernale, qui – peut-être – semblent trop réels ? Sa vie elle-même est peuplée de zones d’ombres, d’une épouse accidentellement noyée, d’une assistante un peu trop dévouée, d’acteurs qui refusent de parler… L’homme déchaine les passions autant que la haine, génie pour les uns, démon pour les autres, démiurge d’un univers cauchemardesque que l’Internet underground et ses amateurs les plus absolus – les cordovistes – tentent de s’approprier pour en percer les secrets. Objets de véritables cultes, ces films s’échangent aujourd’hui sous le manteau, moyennant des sommes folles, ou sont projetés clandestinement la nuit dans les couloirs de métro des grandes villes, pour ceux qui ont le cœur bien accroché et croient – sans doute à tort – ne plus avoir peur du noir… (suite…)

{Roman} L’Oubli – Emma Healey

oubli2« On trouve des bouts de papier un peu partout dans la maison, en piles ou collés à divers endroits. Des listes de course gribouillées à la va-vite, des recettes, des numéros de téléphone et des rendez-vous, des rappels d’évènement. Ma mémoire en papier. C’est censé m’aider à ne plus oublier, mais, d’après ma fille, je perds aussi les bouts de papier – ça aussi je l’écris. En tout cas, si Elizabeth m’avait appelée, ce serait marqué. Je ne peux pas avoir perdu tous mes petits mots. Je passe mon temps à en écrire. Ils ne peuvent pas tous être tombés de la table, du plan de travail et du miroir. C’est alors que j’en retrouve un coincé dans ma manche : Pas de nouvelles d’Elizabeth. La date qui est inscrite sur le côté n’est pas récente. Soudain, j’ai le sentiment affreux qu’il lui est arrivé quelque chose. »

Des bouts de papier. Dans ses poches, dans ses tiroirs, sur la table. Partout. Voilà ce qui rythme la vie de Maud, veille dame de 82 ans, souffrant – même si le mot, le drame n’est jamais prononcé – de la maladie d’Alzheimer. A peine a-t-elle prononcé une phrase, qu’elle perd le fil. De qui parle-t-elle ? A qui parle-t-elle ? Pourquoi la reprend-on sans cesse comme une enfant ? Elle sait ce qu’elle dit quand même. Elizabeth a disparu. Elle est en sûre. Elle l’a écrit. Partout. Elizabeth a disparu.

(suite…)

{Roman Jeunesse} La Passe- Miroir : Les fiancés de l’hiver – Christelle Dabos

fiances_de_l-hiver« Ophélie était une excellente liseuse, l’une des meilleures de sa génération. Elle pouvait déchiffrer le vécu des machines, strate après strate, siècle après siècle, au fil des mains qui les avait tâtées, utilisées, affectionnées, endommagées, rafistolées. Cette aptitude lui avait permis d’enrichir le descriptif de chaque pièce de la collection avec un sens du détail jusqu’alors inégalé. Là où ses prédécesseurs se cantonnaient à décortiquer le passé d’un ancien propriétaire, de deux à la rigueur, Ophélie remontait à la naissance de l’objet entre les doigts de son fabricant. »

Ophélie, jeune fille maladroite et réservée, vit sur l’arche d’Anima. Là, son talent de liseuse a fait d’elle une conservatrice hors-pair du musée de l’arche. En touchant les objets, Ophélie est en effet capable de lire leur histoire, et celle de ceux à qui ils ont appartenu… La seule chose que la jeune fille est incapable de lire, c’est le livre d’Artémis, l’esprit de familles d’Anima, pièce majeure, emplie de secrets, de ce musée qui est devenu tant sa maison que sa cachette. Ici, elle peut être elle-même. (suite…)

{Roman } Horrorstör – Grady Hendrix

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« Orsk était le plus grand magasin de meubles scandinaves des Etats-Unis. Ses produits aux designs contemporains étaient moins chers que ceux d’Ikea et son slogan promettait « une meilleure vie pour tous ». Surtout pour les actionnaires d’Orsk qui, chaque année, se retrouvaient au quartier général de Milwaukee, dans le Wisconsin, pour se repaitre des excellents chiffres du bilan d’exploitation de leur imitation d’Ikea. Orsk s’engageait à offrir à ses clients « tout ce qu’ils désiraient », pour chaque période de leur vie. Des berceaux Balsak aux fauteuils à bascule Gutevol. Ils ne proposaient pas de cercueils. Pas pour le moment en tout cas. »

Amy avait un objectif : quitter le mobil-home de sa mère, étudier, se construire une vie, une carrière. Les aléas de la vie en ont décidé autrement, et la jeune femme a dû renoncer à ses rêves et se résoudre à travailler chez Orsk, temple de la (sur)consommation, habilement modelé sur le principe d’Ikea. Car acheter chez Orsk, ce n’est pas dépenser de l’argent, mais adopter un style de vie moderne et confortable, entouré d’amis fabuleux, d’enfants joufflus et de petits oiseaux souriants. (suite…)

{Roman } De bons présages – Neil Gaiman & Terry Pratchett

de_bons_presages« J’ai occupé toutes les lignes de téléphone portable du centre de Londres pendant quarante-cinq minutes, au moment de la pause repas. […]
– C’est tout ? s’inquiéta Ligur. […]
Que pouvait-il leur dire ? Que l’humeur de vingt mille personnes était devenue massacrante ? Qu’on pouvait entendre jusqu’à l’autre bout de la ville le bruit des artères qui se sclérosaient ? Et qu’en rentrant, ces personnes allaient se défouler sur leur secrétaire, sur leurs contractuelles, sur tout le monde, sur des gens qui à leur tour allaient se défouler sur d’autres individus ? Par une avalanche de mesquineries qu’ils allaient – et tout l’intérêt de la manœuvre reposait là – qu’ils allaient inventer tout seuls ? Pendant le reste de la journée. Les répercussions étaient incalculables. Des milliers et des milliers d’âmes se ternissaient un peu, sans que Rampa ait besoin de lever le petit doigt. »

L’Apocalypse aura lieu samedi prochain, après le thé ! Les forces du Bien et du Mal en ont décidé ainsi. L’Antéchrist – bébé blond joufflu – est sur Terre, et quand il fêtera ses 11 ans… ce sera la Guerre. La fin du monde tel que nous le connaissons. (suite…)

{Roman } Ex-Heroes – Peter Clines (& autres réflexions zombiesques)

exheroesPour celles et ceux qui n’ont pas suivi, j’ai acheté ce roman par le biais d’une box surprise – la Kube, sur laquelle j’ai d’ailleurs réalisé une vidéo que vous trouverez ici. J’avais donc demandé un roman avec des zombies. Mais quelque chose qui change…

Parce qu’on la connait tous, l’histoire de l’épidémie qui se répand si vite que rien ni personne – pas même le gouvernement, l’armée & autres organisations censées protéger les gens – n’est capable de l’enrayer ; l’histoire de la poignée de personnes qui se regroupe autour d’un homme, souvent policier ou militaire, un homme fort et viril qui sait utiliser une arme à feu ; sont souvent de la partie un ou deux ados (un jeune couple, c’est pas mal), une ou deux mamans avec des enfants en bas-âge (ou enceinte, enceinte c’est bien aussi), voire –mieux encore – un papa veuf avec des enfants, bref… des gens qui s’aiment, des gens à protéger ; et puis y’en a un dans le lot qui se fait mordre, bien sûr, mais qui ne dit rien aux autres, au cas où, mais ça ne fonctionne jamais, ça… Tout cela dans une Amérique chaotique où des pillards, violeurs et autres psychopathes sèment la terreur, comme si ça ne suffisait pas, une apocalypse zombie. (suite…)